Symboliques

samedi 17 mars 2007

Qu'est-ce que la symbolique ?

En regardant des images, des sculptures, des édifices, voire des objets usuels ornés, quelle qu'en soit l'époque - de l'âge de la pierre à la peinture moderne - on en revient toujours à la même question : «Que signifie tout cela? Qu'est-ce qui se cache là derrière?» Les arts plastiques ou décoratifs, le plus souvent, ne sont pas univoques ni facilement compréhensibles ou déchiffrables. Mais l'observateur présume un sens sous-jacent, et cherche une signification. Pour désigner ce pouvoir expressif, souvent indéfinissable, d'une représentation, on parle souvent de «contenu symbolique».

Le symbolisme d'une image est une valeur inexprimée, un trait d'union entre la réalité identifiable et le domaine invisible et mystique de la religion, de la philosophie et de la magie. Il s'étend donc de l'intellect, conscient, au domaine du subconscient. On peut donc dire que l'artiste ou l'artisan est un médiateur entre deux mondes, visible et invisible. Autrefois, les créations de l'artisanat appartenaient au règne du merveilleux, et leur valeur symbolique était d'autant plus grande et digne de vénération qu'elles montraient un accord parfait entre le contenu et la réalisation esthétique. L'icône représente un exemple typique de beauté stylisée qui laisse percer le fond symbolique afin d'éclairer l'esprit de l'observateur.

De Fimage-symbole au signe-symbole

À l'opposé de l'image symbolique parvenue à la perfection esthétique, il existe une tendance à la simplification qui consiste à réduire le figuratif au signe. Citons pour exemple le Christ crucifié, qui ne peut être considéré par personne dans le monde occidental comme une illustration anecdotique, mais uniquement comme un objet parfait de contemplation, comme le symbole de la foi chrétienne. Par contraste avec cet absolu figuratif, il est possible de trouver, dans un chalet ou sous la tente du voyageur, deux morceaux de bois réunis en croix qui, même en l'absence de tout per¬sonnage et de toute préoccupation esthétique, gardent leur teneur symbolique pour le croyant. Bien que l'image soit réduite au simple signe, son contenu et sa force symbolique sont restés absolument identiques.

Cette réduction de l'image au signe ne représente pas, contrairement à ce qui s'est passé dans l'écriture, une simplification des gestes; elle correspond au besoin du croyant d'avoir auprès de lui un reflet de l'image originelle, pour participer à son rayonnement, de la même manière qu'une personne superstitieuse portant une amulette souhaite attirer sur elle le bénéfice de quelque force supérieure.

La valeur symbolique ne dépend donc pas d'une perfection formelle extérieure, mais de la disposition intérieure de l'observateur à investir ses convictions, sa foi, dans un objet de méditation, dans un symbole.

L'emploi ambigu du mot «symbole»

Aujourd'hui on emploie souvent à tort le mot «symbole», par exemple pour décrire de nouveaux signes différents de l'alphabet et des chiffres usuels. À vrai dire, il sera peut-être difficile de changer cette habitude à l'avenir. Un savant souhaitera toujours utiliser un nouveau signe pour une formule nouvellement découverte, en trouvant ou en inventant ce qu'il appellera, à tord, un nouveau «symbole» qui en réalité appartiendra à la catégorie des signes purement scientifiques.

Par ailleurs, l'emploi de graphismes non alphabétiques dans le monde actuel rend difficile l'appréhension du contenu symbolique d'une figure donnée. Un exemple frappant nous est fourni par l'exemple des deux tibias croisés. Sur la bannière d'une troupe de guerriers ou sur la voile d'un navire de pirates, il équivaut à une Signature héraldique de ligue. Sur un flacon médical, il signifie «poison», enfin sur la veste de cuir d'un motard, il devient le symbole du goût du risque.

Extraits de L'homme et ses Signes de Adrian Frutiger

Libellés : , , ,


Fabrice Retailleau Concepteur Redacteur PUB WEB MD @ 16:10